Les Dédicaces

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logodedicaces-01Claire Merlin

Publié le 06 juin 2014 par la rédaction de Les Dédicaces

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 « C’est comme si je peignais avec les mots » / Claire Merlin

Vous construisez votre dernier ouvrage entre poésie et illustrations, pourquoi ce choix ?

Au fil de l’écriture, j’ai trouvé mon style. J’écris et je lance mes idées de manière complètement spontanée. L’écriture me donne ainsi le loisir de coucher sur le papier le décor d’une scène, les sentiments fugitifs d’un moment. C’est comme si je peignais avec les mots… Je suis également très attirée par le rythme et le sens des mots, et j’aime les accorder comme un musicien le ferait avec son instrument. J’ai donc trouvé mon style, au fil de l’écriture et je me suis arrêtée sur … la rime !

Mon ouvrage est donc doublement original dans la forme et dans le fond : écrit en poésie, il raconte, d’une manière novatrice, la maternité vue sous un angle différent, celui du vécu de l’esprit. Il diffère des livres théoriques, de par son contenu, son style et son message. Le titre coulait donc de source… Un livre sur la vie de famille en poésie ne pouvait logiquement que s’intituler « Ma famille est un poème ! »…

L’idée d’illustrer ces rimes est venue de mon éditeur. De suite capté par la richesse et la façon si particulière dont j’avais abordé la vie de couple et de famille, celui-ci s’est dit que cet ouvrage déjà ludique par le mots, le serait encore davantage avec des illustrations. Par un heureux hasard de circonstance, j’ai rencontré la perle rare, en la personne de Marie-France Langlais. J’avais pris connaissance d’un tableau intitulé « La Course après le Temps ». Son auteur, Marie France, a obtenu pour ce tableau le premier prix au concours national du 19ème congrès de Force Ouvrière, tenu en Mars 2000 à Marseille et dont le thème était « la femme et le travail ».

Sous le titre « La course après le temps », étaient inscrits :

L’heure, le travail, l’enfant

Le travail, l’enfant, l’heure

L’enfant, l’heure, le travail

L’obsession

Et au-dessus de ces mots, un visage de femme pris entre une horloge et un petit enfant, le tout peint avec une intensité et une lumière incroyables ! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai gardé ce dessin très très précieusement. Une intuition ? En fait, je voyais dessinés mes propres mots, mon propre vécu sur la maternité et le travail. Je ressentais la même émotion en regardant ce dessin qu’en écrivant et lisant mes textes. Alors, quand mon éditeur m’a suggéré ce « plus », qui serait d’illustrer mes textes, j’ai tout de suite pensé à Marie-France. Et je l’ai contactée…Quand je lui ai décrit par téléphone mon projet, elle m’a tout de suite dit « oui ». C’était formidable ! Et quand j’ai reçu ses premiers dessins, j’ai été bouleversée de voir comme Marie-France complétait magnifiquement les émotions exprimées par mes textes ! Ce fut une expérience magique !

En tant qu’auteure, comment voyez-vous l’avenir de la lecture ?

En tant qu’auteure, je crois que rien, jamais, ne remplacera l’avenir de la lecture, même si celle-ci ne se fait plus seulement qu’à partir des supports papiers.

Pour ma part, rien n’est aussi riche qu’un mot, qu’une pensée mise en mots, et je m’inquiète parfois de constater l’appauvrissement de la pensée, du fait de l’appauvrissement de la connaissance des mots, et en particulier de notre langue française si riche.

La lecture représente pour moi avant tout la capacité à développer des idées, des raisonnements, grâce à l’apprentissage du vocabulaire et de la réthorique, Je parle là de l’art de la “dispute”, soit de la critique argumentée et constructive, en un mot, de la militance…

Si vous deviez faire une dédicace aujourd’hui, pour qui serait-elle ?

Si je devais faire une dédicace aujourd’hui, je la destinerai aux mères et futures mères de la génération de ma fille aînée, Elodie, bientôt 25 ans. En juin prochain, elle connaîtra “l’exercice d’être mère” pour la première fois, et par conséquent, je connaîtrai pour la première fois “l’exercice d’être grand-mère”.

J’ai le sentiment que sa génération a autant d’obstacles à franchir, voire davantage, que la mienne, celle des années soixante…

Ce qui est d’autant plus paradoxal, 2014, c’est la rédaction et la signature de quantité de lois, d’accords, dédiés à la parité homme-femmes et dans le même temps la prégnance de la domination masculine dans notre société, partout, dans les institutions, les entreprises… C’est sans doute pour ces jeunes femmes et ces jeunes hommes qui partagent leur existence que je me bats, maintenant, car l’apparence des mots qui font les lois est pour le coup trompeuse de ce qui se joue dans la réalité des vies des femmes et des hommes d’aujourd’hui ! Alors j’envisage encore tellement de mots pour dire les maux de nos filles et de nos fils !


Claire Merlin est auteure et vient de publier « Ma famille est un poème«